Un lieu, une famille aux belles valeurs chrétiennes et humaines dans laquelle vous grandissez, une fratrie de six enfants où vous figurez en dernière position, quatre garçons et deux filles. La famille restera toujours importante pour vous, et vous le serez pour elle aussi.
Vous entrez au postulat de Ruillé le 9mars 1944, vous ferez profession le 8 septembre 1945 et vous engagerez dans la Congrégation pour toujours le 8 septembre 1948.
Dès 1945, à la sortie du Noviciat, vous serez envoyée à Fleury dans le Loiret auprès des personnes malades mentaux. Vous y resterez jusqu’au départ des Sœurs de la Providence en 1972. La simple évocation de ce lieu évoque la notion de SERVICE auprès des plus démunis, des plus ignorés parfois. Vous serez avec vos sœurs une présence unique pour ces marginalisés de la société. Qui peut décrire l’investissement, le souci, la crainte parfois ressentie dans cet Hôpital psychiatrique, sinon celles qui l’ont vécu.
En mars 1972 ce sera l’envoi à Neuville aux Bois, toujours dans le Loiret, toujours auprès des malades. Vous aviez compris que le soin n’est pas uniquement dans des gestes infirmiers mais bien dans une attention toute particulière à la personne souffrante et vous continuerez de vivre cela à la Maison de Retraite de Fay aux Loges en février 1979.
En septembre 1988 vous arriverez à Ruillé Maison Mère pour seconder la sœur infirmière à Sainte Bernadette auprès des sœurs fatiguées ou malades.
Discrète, effacée, sans faire de bruit, vous avez communiqué la bonté qui vous animait, vous avez prodigué ce sourire bienveillant à toute personne que vous approchiez. Bonté et qualité de présence puisées dans votre prière personnelle, dans la solitude que vous aimiez, qui portait à la méditation, à la sérénité. Une vie donnée totalement au Seigneur et aux autres qui pourrait se résumer en un mot : SERVICE.
Quand la marche est devenue plus difficile, les mains travaillaient le crochet pour la confection de couvertures pour les nécessiteux ; la tête fonctionnait toujours bien, les livres étaient des compagnons importants et l’heure des offices communautaires était respectée avec rigueur.
Les dernières semaines ont vu votre état de fatigue s’amplifier, votre santé s’altérer, ce qui avait amené le séjour à Dujarié. Le 25 juillet, jour de Jubilé, avec une année de retard à cause du COVID, vous célébriez avec joie et émotion vos 75 ans de vie religieuse. Une belle fête disiez-vous ; elle allait être la dernière, tout allait s’accélérer ; hospitalisation, retour à Dujarié en sachant que l’état était jugé grave… Vous le saviez, et disiez sereinement, « je ne pense pas que je franchirai mes 98 ans le 29 Août ». C’était vrai puisque vous nous quittiez le 24 août. Votre passage à Dujarié, comme partout, a marqué ceux et celles qui vous approchaient : douceur, gentillesse, courage dans la souffrance et sourire malgré tout.
Pour tout cela, pour cette vie donnée, nous vous disons MERCI Sœur Thérèse et À Dieu.
Sœur Henri Dominique