Une région bretonne et bretonnante ; une famille avec ses belles valeurs chrétiennes et humaines, une fratrie conséquente de 6 filles et un garçon, autant dire une base solide pour affronter les événements qui jalonneront votre vie.
Vous entrez au postulat des Sœurs de la Providence à Ruillé le 24 juillet 1935, vous faites Profession le 2 février 1937 et votre Profession perpétuelle le 8 septembre 1941.
Dès votre sortie de Noviciat vous êtes envoyée à l’Hospice d’Orléans au service des plus démunis, la mission d’infirmière sera la vôtre pendant de longues années. En 1938, vous arriverez à l’hôpital psychiatrique de Fleury les Aubrais dans le Loiret pour deux années, avant d’aller à Chevreuse, toujours dans le domaine du soin aux malades. En 1942, vous revenez à Fleury pour une longue durée jusqu’au départ des Sœurs de cet Hôpital en 1974.
En 1943 vous passez votre diplôme d’infirmière en psychiatrie ; vous faites partie de cette communauté de 55 sœurs qui se relaient le jour, la nuit, auprès des malades mentaux. Trente deux ans dans cette mission vous marqueront à jamais. Mais, vous aussi, vous marquerez à jamais le personnel, les malades, qui reconnaissent en vous l’Ange de bonté, de respect, de proximité et d’humanité, vous êtes Sœur Ange. Qui peut décrire le quotidien au long de ces années, dans ce milieu si particulier de la maladie mentale, sinon celles qui l’ont vécu. Le soin donné souvent avec la peur au ventre dans cet univers dur, bruyant, violent parfois, nécessitait une force de caractère, un sens aigu de l’amour de l’autre au-delà des apparences.
De 1974 à 199O, vous serez envoyée à Sainte Jamme dans la Sarthe, responsable de communauté, service paroissial ; vous continuez sur la même lancée d’une présence cordiale, positive, évangélique dans les actes. Cette qualité humaine est votre label, vous aimez la vie, et vous faites tout pour la rendre plus belle autour de vous. Vous restez Sœur Ange.
De 199O à 2009, ce sera La Flèche, toujours dans la Sarthe. La Flèche, Sainte Colombe, le service paroissial et la visite des pauvres, ATD Quart monde. Tous ces services vous vont bien car ils requièrent de vous ce que vous êtes en profondeur : une femme, religieuse, consacrée pour toujours à Celui qui l’habite, une priante pour toutes les détresses que vous rencontrez sur votre chemin, sans oublier une sœur fraternelle en communauté.
Le 1er septembre 2009, vous arrivez à Ruillé à la Maison Mère, semblable à ce que vous avez toujours été. Le Pavillon Dujarié est en restructuration pour répondre aux normes en vigueur de l’époque. La santé commence à décliner et vous intégrerez cette nouvelle structure en avril 2012.
Comme partout où vous êtes passée, vous marquerez là aussi les personnes qui sont vos proches dans la vie sans oublier le personnel qui reconnaît en vous cette bonté, cette douceur et cette bonne humeur qui donne du baume à ceux et celles qui œuvrent dans cet établissement.
Combien de fois partagez vous ce désir d’aller vers le Père, « Le Bon Dieu n’est pas pressé, il prend son temps ». Vous ne voyez pratiquement plus, vous entendez moins bien mais vous souriez encore, surtout quand vous reconnaissez la voix des personnes qui vous approchent ; la tête fonctionne toujours comme vous dites et une conversation peut s’engager, vos convictions n’ont pas changé, mais vous avez hâte de quitter cette terre, vous trouvez qu’il est temps et pourtant vous fêterez vos 105 ans, une barre que vous vous étiez donnée comme la dernière à franchir.
Vous disiez « Le matin quand je me réveille, je me dis : je suis encore là » mais le 11 mai 2021 allait mettre un terme à votre longue et belle vie.
« Quand on meurt, on déménage vers une bien plus belle maison ». Ces phrases transmises par Sœur Marie Laure prennent corps aujourd’hui. Vous avez attendu, désiré cette heure, vous avez fini votre course et vous entrez dans cette plus belle maison, nous n’en doutons pas.
Merci Sœur Clémentine et À Dieu. Restez pour nous un Ange auprès de Dieu.
Sœur Henri Dominique